Sur l'apparence et les préjugés
(...) aucun de nous ne constitue un tout objectif, catégoriquement défini, qui soit identique aux yeux de tous et dont tous puissent s'enquérir comme d'un acte de propriété ou d'un testament ; chacun est plutôt un kaléidoscope, aux formes et aux couleurs changeantes selon la personne qui le regarde et selon l'angle, quand bien même il conserve inchangés les éléments qui, ensemble, composent les dessins dont la vue divertit autrui ; ou bien un écran sur lequel nous projetons nos propres illusions, nos carences, nos déceptions, nos frustrations, et où nous reconnaissons non pas la réalité, mais ce que nous voulons voir, car la matérialité n'est qu'une surface réfléchissante. Chacun, chacune associe à l'apparence physique d'autrui toutes les idées qu'il ou elle se fait intérieurement de lui, et ce sont ces préjugés qui, en fin de compte, occupent l'essentiel de cette apparence.
Extrait d'Un miracle en équilibre de Lucia Etxebarria
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